La Compagnie

La Compagnie des Chemins de Terre, c’est avant tout près de trente années de route, d’expériences, de rencontres au milieu de l’espace public numéro un : la rue. Elle est comme notre salon, notre salle à manger ou à danser, notre cuisine mal équipée, notre chambre à rêver. Entre le trottoir et les bouches de dégoût, le monde est là qui nous tend ses lèvres. Alors nous l’embrassons sans hésiter.
Jetez donc un œil sur cette mosaïque de souvenirs : depuis 1989, notre fondation par Geneviève Cabodi et Stéphane Georis, le long ruban de la route est passé sous les roues du camion : Un tandem pour commencer et quelques fêtes de village, puis Hollywood Sofa qui nous envoie pour notre première outre-océan, puis le Polichineur de tiroirs qui a fait frémir et rire plus de 800 fois entre Laponie et Patagonie, Sibérie, Singapour ou Australie, Brésil ou Cuba, enfin l’enfant Cosmonaute qui a achevé son magnifique voyage du côté de Fribourg, en Suisse, en avril 2019. Les adieux déchirants entre Medhi, Helga et Mirko ne se racontent pas.

 


Notre philosophie

Comment résumer en deux mots ce qui peuple nos veines et nos cerveaux au moment de créer, nos doigts et nos paupières au moment de jouer ? L’idée sans doute que le théâtre n’est pas né autour d’un rideau rouge et or, d’un lustre en cristal et de tickets à 20€. L’idée que le ciel nous attend et que nous, artistes, avons une place à prendre parmi les chœurs de mésanges, le ballet des chevaux et le cri des mégaphones qui ont faim de justice. Que notre place n’est plus parmi ces rangées de fauteuils chauds et confortables, mais auprès des braseros les nuits de grève et d’hiver, au milieu des foules en colère ou dans le pré fraîchement tondu d’une ferme bio. Ou alors au pied d’un arbre. Ou encore au fond d’un garage. Mais pas spécialement dans ce qu’ils appellent un Théâtre.
Depuis nos débuts, nous connaissons le théâtre comme une agora posée sur la place publique. Éphémère et vibrante. Autour d’une piste ronde, de deux tréteaux plantés ou sur des gradins posés en cercle, la poésie se met tout à coup à hurler, les marionnettes-objets deviennent le monde dans lequel on vit et dont nous pouvons rire. Le langage est le plus universel possible, gestuel et visuel, métaphorique et ludiquophone, déliraphobique et polysémantal. Une heure plus tard, les applaudissements ponctuent ce qui fut feu de mots. Puis le décor est démonté. Et le parking revient à son état de parking, la prairie revient aux vaches, le théâtre n’est plus. N’en reste que le son des voix perdues parmi les arbres. Venez voir ce dont vous vous souviendrez longtemps.